Guinée
Pour ce faire, Abdoulaye SOW et Amadou Lamarana DIALLO ont raconté leur expérience en Guinée. L’assistance psychologique qu’ils proposent est assurée depuis une vingtaine d’années, en collaboration avec le Centre de Santé Mentale La Gerbe à Bruxelles. Elle cible les personnes présentant des pathologies neuropsychiatriques (psychoses, dépressions, épilepsies). Comme nous avons déjà pu le voir dans d’autres ateliers, un accompagnement large et intégratif est proposé aux usager·ère·s ainsi qu’à leurs familles, allant de la sensibilisation et de l’écoute active à des visites à domicile et de l’appui à la réinsertion sociale et parfois professionnelle. L’accueil des patient·e·s se fait en collaboration avec le partenaire belge, dans le cadre de consultations conjointes généraliste-psychiatre. Une fois la prise en charge médicale effectuée, des agents de santé communautaires procèdent à des visites à domicile, afin d’accompagner les familles au moment du retour à domicile des patient·e·s.
« Aujourd’hui les communautés avec qui nous travaillons accordent de plus en plus de crédit à la médecine moderne, montrant le bénéfice de l’intégration de la santé mentale au sein des communautés »
Le retour des patient·e·s dans leur environnement quotidien est souvent un point de rupture pour eux·elles et leurs familles, car de nouvelles demandes font surface durant cette période charnière : besoin de réinsertion sociale et professionnelle, suite du traitement, etc. Cette approche ambulatoire a en effet l’avantage de prévenir les cas d’inobservance et de rechute de certain·e·s patient·e·s, de (re)trouver des parent·e·s ou tuteur·rice·s pour les personnes en errance souffrant de troubles mentaux et, enfin, a un effet sur la communauté. En effet, cette méthode d’accompagnement a permis de changer les perceptions et les croyances de la pathologie mentale en tant que mauvais sort ou manifestation diabolique. Cette approche réduit la stigmatisation tout en améliorant l’efficacité des supports proposés. Des tables rondes sont même organisées avec les tradipraticien·ne·s, avec lesquels un système de consultations conjointes et de référencements mutuels occasionnels est en place.
Voir la vidéo de Mr. Abdoulaye Sow et de Mr. Amaeou Lamarana Diallo (Guinée)
Côte d’Ivoire
Par ailleurs, Alex WON & Boniface Kaba YOU nous ont fait part de leur vécu en Côte d’Ivoire. Travaillant dans un centre psychiatrique situé au cœur d’un village, leurs activités de santé mentale ont été développées depuis plus de vingt ans en partenariat avec des psychiatres de la clinique psychiatrique La Borde en France. Là encore, l’accompagnement des malades vise autant à leur apporter un traitement pharmacologique et thérapeutique qu’à leur prodiguer un accompagnement dans leur vie quotidienne. Cela étant, le centre en question possède plusieurs particularités qui ont un impact certain sur l’évolution et l’efficacité de la prise en charge. Ainsi, il convient de commencer par dire que le centre est non clôturé : il fait partie du village et la communauté a bien identifié cet endroit. Par ailleurs, l’arrivée du·de la patient·e dans le centre se matérialise par la réception de ce·tte dernier·ère en compagnie d’un ou deux membres de la famille, ce qui accroît le degré de responsabilisation tant du·de la patient·e que de sa famille. Cette logique d’inclusion des familles va jusqu’aux pratiques thérapeutiques. En effet, des espaces et outils thérapeutiques ont été créés dans le but de donner la parole aux patient·e·s et à leurs proches pour éviter la marginalisation et le rejet. Des réunions patient·e·s-familles ainsi que des clubs thérapeutiques suivant l’approche de la psychothérapie institutionnelle, mêlant patient·e·s, familles et professionnel·le·s, font partie intégrante de la vie du centre.
Un problème technique a empêché la participation du discutant de ce groupe, Souleymane COULIBALY (Mali), mais a en contrepartie permis de répondre aux nombreuses questions des écoutant·e·s.
Voir la vidéo de Mr. Alex Won et de Mr. Boniface Kaba You (Côte d’Ivoire)
La participation de l’État, les coûts de telles expérimentations, la possible décentralisation de ces activités ou encore l’approvisionnement qualitatif des médicaments se sont vus confrontés à des exemples venus d’autres pays. De ces échanges, il est ressorti une grande similitude des besoins mais aussi des pratiques. Globalement, l’intégration de la santé mentale dans les considérations médicales, quotidiennes et familiales est largement répandue et favorisée. Les participant·e·s ont été à l’origine d’un débat d’une grande effervescence, où l’un des constats les plus évidents est le devoir d’adaptation du dispositif aux contraintes individuelles, groupales, culturelles et contextuelles des patient·e·s et des équipes soignantes. En cela, ce constat rejoint parfaitement les problématiques d’accessibilité des soins, d’efficacité, de diversité ainsi que de coopération et d’organisation entre toutes les strates sociales et communautaires.